Louise-Amélie et son mari développeront le peuplement de la seigneurie, qui comprend aussi Sainte-Béatrix et Saint-Jean-de-Matha (4) . Le Répertoire du patrimoine culturel du Québec indique : En plus d’assurer la gestion de la seigneurie, il semble qu’elle tient des salons littéraires à son manoir, auxquels participent des notables lettrés (5). De 1822 à 1850, dans le silence du manoir, cette femme «très instruite, d’une grande intelligence, miniaturiste et musicienne de talent qui parlait français, italien, allemand et anglais» (6) écrit l’œuvre fondatrice de la littérature québécoise, dont, publiée bien tardivement en 2000, l’édition critique d’un poème de 1101 vers, avec chanson folklorique et d’abondantes notes: Quelques traits particuliers / Aux Saisons du Bas-Canada / Et aux mœurs / De l’habitant de ces Campagnes / Il y a quelques quarante ans / Mis en vers (7) . Ces écrits furent rédigés entre le 28 janvier 1836 et le 29 mars 1839. Le poème commence à être rédigé au lendemain de l’observation d’une aurore boréale sur la montagne de Sainte-Mélanie.
Louise-Amélie fut, en son temps, l’une des femmes très instruite du Bas-Canada avec une vision d’avant-garde et un jugement qui ne cesse d’étonner par son acuité, sa persistante actualité ; elle fait dire à un habitant moribond perdu en forêt, secouru par un Atikamekw:
« C’est un sauvage, il me voit misérable,
En but à toi, famine détestable,
Tout il oublie et la fraude et les torts
Qu’on fait aux siens les blancs méchants et forts,
Il me prodigue et soins et pitié tendre,
Un d’entre nous saura t-il les lui rendre ? »
« Bénite soit ma terre vénérable, (…)
Ta fille t’offre, amour, louange, honneur !!
Tu l’as reçue a son heure première,
Ton sein sacré cachera sa poussière :
Mon pays cher, âpre climat du Nord,
Je t’appartiens pour la vie et la mort ! »
Sur la photo, on voit le poète Jean-Paul Daoust et le musicien Yves Lambert en performance dans le salon du manoir.
Tout cela pour dire que le manoir Panet fut un foyer significatif de la naissance comme de l’affirmation d’une culture canadienne-française autonome. Aussi, par son mari, enterré au cimetière anglican de Saint-Ambroise-de-Kildare, le manoir est un lieu de mémoire du Haut-Canada.
La Société veut restaurer le manoir Panet pour en faire un centre culturel, renouant avec ce passé lointain où Louise-Amélie Panet y tenait salon littéraire et y célébrait la musique et la peinture avec son époux, William Bent Berczy.